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Des miettes de Gnom(e)
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3 juin 2007

Prix NOBEL 1994 - Oe KENZABURO

1 PRÉSENTATION

Oe Kenzaburo (1935- ), écrivain et essayiste japonais, dont le style singulier, riche en images et en marques d’oralité, a renouvelé la littérature japonaise.

Né dans les montagnes de l’île de Shikoku, qui deviennent souvent le décor de son œuvre, Oe Kenzaburo connaît une enfance marquée par la guerre, par la mort de son père, puis par la reddition inconditionnelle d’un Japon dont la Constitution, réformée en 1947, proclame désormais la souveraineté du peuple et l’abandon de la force militaire.

2 LE TRAUMATISME À L’ORIGINE DE L’ENGAGEMENT

En 1954, il entre à l’université de Tokyo où il étudie la littérature française. C’est là qu’il découvre Jean-Paul Sartre mais aussi et surtout François Rabelais. Il est encore étudiant lorsqu’il publie son premier roman, Kimyo na shigoto (« Un drôle de travail », 1957). L’année suivante paraît Gibier d’élevage (Shiiku, 1958), qui évoque le monde libre de l’enfance, trop vite détruit par les adultes, ainsi que Tribu bêlante (Ningen no hitsuji, 1958), une peinture du Japon occupé.

Ces deux derniers textes, salués par la critique, dont le style très personnel et les images fortes sont déjà caractéristiques de l’auteur, doivent être replacés dans le contexte des années soixante, et s’inscrivent résolument contre la remilitarisation du Japon et les poussées néo-fascistes que le pays connaît alors. D’ailleurs, toute l’œuvre de Oe Kenzaburo est traversée par le thème récurrent de l’horreur de la guerre, à commencer par ses deux essais Hiroshima noto (« Notes de Hiroshima », 1965) et Okinawa noto (« Notes d’Okinawa », 1970) ou encore Sebuntin (« Dix-Sept Ans », 1961). Ce roman, inspiré d’un fait réel, tente de comprendre comment, quinze ans seulement après Hiroshima, un adolescent japonais peut adhérer à un groupe néo-fasciste, assassiner en plein meeting le secrétaire général du Parti socialiste, avant de se donner la mort en prison.

3 LE FILS AU CŒUR DE L’ŒUVRE

En 1963, Oe Kenzaburo est bouleversé par la naissance de son premier fils, atteint d’un handicap mental. Ses œuvres suivantes, inspirées par ce drame, prennent un ton plus intime. Il y évoque sa confrontation avec la mort, le désir de meurtre, le deuil. Ainsi, si le héros de Agwii, le monstre des nuages (Sora no kaibutsu Agui, 1964) se donne la mort après avoir supprimé son bébé atteint d’une malformation cérébrale, celui de Une affaire personnelle (Kojinteki na taiken, 1964) décide, au terme d’une crise intérieure, d’élever son enfant. L’espoir qui naît de cette décision ouvre une brèche dans l’écriture d’Oe, dont les œuvres ultérieures témoignent en développant le thème du couple père-fils. C’est particulièrement le cas des romans Jeu du siècle (Mannen gannen no futtoboru, 1967), Dites-nous comment survivre à notre folie (Warera no kyoki wo ikinobiru michi wo oshieyo, 1969) ou encore Kozui ha waga tamashii ni oyobite (« Les eaux me sont entrées jusqu’à l’âme », 1973). Ces trois œuvres sont aussi l’occasion d’évoquer la révolte de la jeunesse contemporaine, ainsi que l’absurde horreur d’un monde sans cesse menacé par la haine et l’arme atomique.

Dans les années 1980, Oe Kenzaburo écrit plusieurs œuvres inspirées de sa région natale, telles que Dojidai gemu (« le Jeu contemporain », 1979), M/T et le conte des merveilles (M/T to mori no fushigi no monogatari, 1986) ou encore Lettres aux années de nostalgie (Natsukashii toshi e no tegami, 1989), qui réunit les sujets principaux de l’œuvre d’Oe, c’est-à-dire l’antimilitarisme, la protection de l’environnement, l’enfermement, et où le héros, Gii, devient en quelque sorte le miroir de l’auteur. Sans « nostalgie », il y développe une réflexion sur les thèmes du microcosme et du macrocosme, du particulier et de l’universel, et y évoque un certain Japon, plus proche des origines, plus rural, plus animiste et plus communautaire.

4 ÉCRIRE C’EST « MARCHER SUR UNE CORDE RAIDE »

Kenzaburo Oe, profondément marqué par la guerre et la montée du fascisme, est un écrivain amer. Son œuvre est marquée par une réelle rupture avec les règles, un refus de l’organisation. À l’image de ses sentiments, son style se fait original, tourmenté, en décalage avec la stylistique classique. Riche en images et en métaphores, son écriture va, avec sensibilité et goût du détail, au plus profond des événements, des relations humaines et des consciences politiques. Sa langue si singulière mélange avec raffinement les différents niveaux de langage et s’apparente à celle de la littérature orale africaine ou sud-américaine dont Oe est un admirateur.

Lauréat de nombreuses récompenses littéraires, Oe Kenzaburo reçoit, en 1994, le prix Nobel de littérature. La même année, il annonce qu’il laisse désormais la parole à son fils et que lui-même désire cesser d’écrire.

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Commentaires
C
je viens de lire " ô mon livre "<br /> <br /> J'ai été un peu déroutée et la lecture de votre article me permet de mieux comprendre cet auteur par rapport à son pays et son histoire difficile après hiroshima
Répondre
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