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Des miettes de Gnom(e)
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13 février 2007

Karine TUIL

Pour le pire, de Karine TUIL

4ème de couverture : « Je t’ai aimée en un quart de seconde, adorée au bout de deux heures. Il me fallut vingt ans pour te haïr ». De son mariage, le narrateur, le docteur Paul Epstein, estime n’avoir goûté que le pire. Pour sa femme, il a renoncé à sa famille, à ses origines juives, à ses rêves : il lui fera payer le prix de ses sacrifices. Excédé, il décide de se débarrasser d’elle en lui écrivant une lettre qui la tuera : un crime avec son stylo pour seule arme. Un à un, il affûte ses mots comme des couteaux dans le seul dessein de supprimer cette femme qui porte le fruit de leur union maudite.

D’une voix sombre aux accents cruels, il dissèque le quotidien, avec une minutie quasi chirurgicale. Les rancœurs, trop longtemps retenues, éclatent. Les critiques fusent. Les menaces grondent. De sa femme, il déteste tout : son odeur, ses attitudes, son corps déformé par la grossesse, son regard éteint. Et il le lui dit sans détour. Quand l’amour a déserté, l’Autre devient un ennemi à abattre. A travers ce message de haine rédigé dans un style sec et incisif, le narrateur nous livre sa vision désenchantée de la vie conjugale. Et cet acte, d’une violence inouïe l’entraînera dans une folie dévastatrice qui n’épargnera personne.

Karine TUIL, vingt-huit ans, prépare un doctorat de droit et vient de terminer l’écriture d’un long métrage. « Pour le pire » est son premier roman.

 

Mon avis :

Lorsque j’ai lu « pour le pire », je n’ai pas eu l’impression que c’était une toute jeune femme qui l’avait écrit. Au contraire, on a l’impression de lire un auteur mûr, ayant souffert depuis ses années et qui se déchaîne au fil de sa plume. La lettre que reçoit Lucille de son mari est d’une cruauté et d’une lucidité terribles : la haine portée à son sommet. Le reste de l’histoire est donné par cette lettre qui va provoquer catastrophe et décès. Mais la vie ne s’arrête pas pour le mari qui, docteur, se doit de respecter certains aspects de la vie, notamment la vie en elle-même. Il perdra dans cette histoire non seulement sa femme, mais sa famille. Un grande et terrible leçon, impressionnante à lire.

Une écriture qui promet un bel avenir à son auteur… et d’autres lectures pour nous !

Interdit, de Karine TUIL

Résumé : " Je m'appelle Saül Weissmann mais ne vous fiez pas à mon nom qui n'est pas juif, en dépit des apparences. J'ai été, pendant soixante-dix ans, un imposteur pour les autres et pour moi-même ".

Ainsi commence la confession du narrateur, un vieux survivant d'Auschwitz qui apprend de la bouche d'un rabbin qu'il n'est pas juif selon la loi de Moïse.

Un roman sur la quête identitaire, incisif, douloureux mais non dénué d'humour noir, où le cynisme le dispute à l'absurde

Mon avis :

1ère lecture : J’ai adoré

L'histoire de cet homme "âgé", juif, qui a connu les camps de concentration et qui apprend à 70 ans et quelques, qu'il n'est pas considéré comme juif par les juifs car seul son père l'était, et pas sa mère, m'a énormément touchée.

Une césure se fait en cet homme, une double identité, un dialogue intérieur entre le juif et le non-juif.

Karine Tuil fait preuve d'un talent fou, on a vraiment l'impression que c'est un vieil homme qui parle.

Au-delà de la folie des hommes pour détruire une race, on se retrouve face à la folie d'une race (entendez par là un groupe de personnes ayant vécu la même chose) qui rejette un des siens, puis on vit la "folie" d'un homme qui ne sait plus qui il est, ni ce qu'il doit penser.

 

2ème lecture : C’est alors qu’il est sur le point de se marier avec Simone, juive de 43 ans, que Saül âgé de 70 ans et rescapé des camps apprend de la bouche du rabbin qui devait les unir qu’il n’est pas juif. En effet, il ne peut fournir l’acte de mariage religieux de ses parents, ayant tout perdu pendant la guerre, lors de sa déportation. De plus, il est juif de par son père alors qu’il faut l’être de par sa mère… On retrouve dans ce roman de Karine TUIL  toute la maturité de son personnage, laissant croire que c’est un vieil homme qui a écrit le livre. De même qua dans « pour le pire », une écriture sans concession, une lucidité qui effraie (voir la description de Simone par Saül, qui rappelle la lettre écrite à Lucille par son mari dans «pour le pire »). Toute la rupture psychologique à l’intérieur de Saül est très bien traduite par l’apparition de son double tandis que s’instaure entre le juif et le non-juif, devant partager le même corps.

Cette quête de l’identité est la base de chaque personne et c’est une véritable quête psychologique à laquelle se livre Karine TUIL avec son personnage.

Un livre très bien écrit, très drôle et très émouvant, que je recommande.

 

Depuis ma rencontre avec Karine Tuil à la Foire du livre de Brive, , j’ai relu « interdit » et cette histoire m’a encore plus touchée que lors des 2 premières lectures. C’est la première fois que les larmes montent en le lisant (lorsque Saul tient son fils entre ses bras et fait la comparaison entre les enfants et les vieux qui ne se croisent que brièvement, chacun à une extrémité de la vie). Pour la première fois, j’ai l’impression de comprendre le personnage de Simone, pauvre créature en fait, mais pour laquelle cette fois, je n’ai plus aucune pitié, contrairement aux 2 premières fois que je l’ai lue. Il est vrai qu’en 3 ou 4 ans (les 2 romans sont parus en 2001 il me semble), beaucoup de choses changent et permettent de comprendre différemment…

Cet auteur m’épate de pouvoir ainsi se mettre dans la peau d’une personne âgée, avec son passé (surtout CE passé là qui l’a détruit), ses espoirs déçus et ses désespoirs ; il y a tant de désespoir dans sa vie, une telle césure en lui, cette déchirure qui provoque à la fois la compréhension pour ce qu’il ressent et force en même temps l’admiration pour sa capacité à trouver le pilier de résilience qui va lui permettre de faire face, malgré tout, envers et contre tout. Au final, j’ai compris que son fils (petite merveille à l’encontre de « l’horreur » de la mère) vivra bien parce qu’il aura eu l’amour de son père, sa disponibilité et ses espoirs en lui.

Pour la première fois à la lecture de ce livre, je me sens ébranlée en pensant à la passation de la vie car le personnage de Saul fait comprendre que même massacré par la vie, et même vieux, il peut quand même réussir un enfant et lui donner ce qu’il n’a pas eu. (il faudra d’ailleurs que je relise « pour le pire » afin de peut-être percevoir l’histoire différemment également….)

L’impact sur son psychisme de ce qu’a vécu Saul dans les camps rappelle les désastres de la "survivance" (je ne pense pas que ce mot existe... tant pis, je laisse... il correspond trop à ce que je cherche)  à l’inceste ; la déchirure psychologique (telle que je l’interprète) semble être la même, la folie également (cette folie qui semble être finalement le seul moyen « temporaire » ou durable de survivre et de dépasser), le double psychologique…. peut-être parce qu'il s'agit d'une "effraction de la personnalité" ...

Finalement, le malheur semble déchirer tout le monde de la même façon. Ou est-ce la façon de s’en sortir qui est finalement commune à tout malheur ? après coup, je me demande si le problème de Saul n'est pas d'être restée victime au lieu d'être devenu survivant. il est en effet un moment où il faut cesser de vivre au travers d'un évènement et passer à autre chose et j'ai l'impression que Saul , quant à lui, n'est pas sorti de cet état de victime donc il se "casse" en morceaux quand on lui retire ce statut sans comprendre que personne ne lui retirera son statut de survivant. je ne sais pas si je suis claire...

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